Questions posées par la revue « Rêve de Femmes » pour un article publié dans le n° 51 au printemps 2019.
Que c’est ce que le féminin ?
Je ne sais pas qu’est ce que le féminin. Mais je connais la particularité de mon corps de femme. En mon centre il y a un creux, un vide, un réceptacle. La biologie a prévu cela : contenir, recevoir, puiser, remplir et vider. Dans mon ventre il y a une grotte fertile. Telle la Terre. Dans la grotte repose la petite graine de tout les possibles. Elle attend les conditions favorables pour jaillir, grandir, s’épanouir, devenir une plante verte, puis un fruit mur. Qu’en est-t-il de notre Terre intérieure ? Quel soin je donne à ce corps ? Cette terre que je peux, je me dois de, je suis invité à rendre fertile afin que, librement s’épanouisse mon Être, le fruit unique que je suis.
C’est quoi le sacré ?
J’ai appris à m’émerveiller. A dire merci aux fleurs, aux arbres, aux oiseux, aux nuages, aux souries des enfants et d’anciens. Tous on nourri en moi cet enchantement. L’émerveillement a fait naitre la Gratitude et la conscience qu’il y a quelque chose de plus grand que moi. C’était pour moi le premier pas vers la spiritualité.
Aujourd’hui, le sacre, pour moi, se vit dans l’instant présent dans pleine conscience. Avec la Gratitude pour ce qui est là : la Vie et tout le vivant, la Terre, le Ciel, les autres et moi.
Je suis aujourd’hui une grande mère transmettrice à la manière des amérindiennes selon la quelle une femme devient Sage à la ménopause, qu’elle soit grand mère biologique ou pas.
Je suis une ouvreuse de portes.
Je ne parle que de ce que j’ai expérimenté. Ma parole est incarnée dans le corps, qui, lui, a vécu, senti, ressenti, fait appel aux mémoires dans ces profondeurs immenses, immenses, mémoires du fond des temps, celles dont nous parlent les treize mères originelles, et les traditions chamaniques, celle de nos ancêtres, celles de nos grand-mères.
Orpheline de mère je n’ai reçu aucune transmission. Mais, à chaque étape importante de ma vie des femmes ont été là pour me guider vers l’essentiel: réfugiées palestiniennes, paysannes libanaises, femmes démunies, femmes-lumières, rencontrées ici et là, en Orient et en Occident. Je n’ai pas oublié.
Aujourd’hui est venu pour moi le temps de la « sagesse ordinaire », au sens de « sagesse » qui soutient la vie, et « ordinaire », parce que c’est dans mon quotidien que je suis invitée à le faire.
J’espère, par mon travail de transmission, contribuer à faire grandir l’Énergie du Féminin dans le monde en commençant par l’élever en nous-mêmes, les Femmes !
Ljiljana Milosavljevic
Mars 2019