Sororité
« Et si l’on n’était plus seule ?
Et si avant de trouver l’homme, on allait se retrouver soi-même en tant que femme et approfondir sa connaissance de soi dans les expériences partagées avec d’autres femmes ?
Et si l’on savait accueillir l’autre en tant que sœur au lieu de l’avoir comme rivale ?
Que savons-nous vraiment des relations de parité ?
Connaissons-nous vraiment la sororité ?
Avons-nous jamais vraiment appris à parler dans un groupe où chacune à sa place, où chaque voix est entendue pleinement, ou le risque d’une parole jamais encore osée trouver une oreille attentive ?
Il est temps maintenant de recréer un espace d’échange où l’on puisse se sentir libre d’être ce que l’on est, avec sa force et ses faiblesses, avec sa confiance et ses doutes, ses expériences et ses aspirations, ses désirs de se comprendre au travers du partage.
La sœur de sang a souvent été une rivale (aînée qui contrôlait tout, ou petite dernière qui attirait l’attention parentale). Maintenant, il est temps de guérir ensemble.
Oui, on peut avoir les sœurs que l’on n’a pas eues, que l’on aurait voulu avoir, que l’on peut découvrir maintenant dans le choix et l’accueil.
Se retrouver avec ses sœurs est un moyen de récupérer son pouvoir de femme et de vivre la joie de se sentir profondément sœur, c’est-à-dire de sentir l’amour profond, inconditionnel, au cœur de soi-même.
Les vraies sœurs le sont par la reconnaissance de leurs similitudes partagées non plus seulement dans la dynamique d’une filiation donnée.
Elles peuvent alors entrer dans l’expérience réelle de la « sororité », mot inventé et encore absent du dictionnaire.
Le terme de fraternité exprime le lien de parité, de sympathie, d’affinité et de compréhension existant potentiellement entre les êtres, quels qu’ils soient. Il existe aussi une fraternité masculine et une fraternité féminine : oserons-nous la sororité ?
Les femmes se sont réunies pendant des Millénaires pour des cérémonies d’initiation ou de célébration du mystère du féminin, pour des rituels de passage d’un âge à l’autre, de lunes, de saisons.
Certaines ont connu les sombres siècles de l’Inquisition où le pouvoir patriarcal, tapis dans la hiérarchie ecclésiastique, voyait dans les danses et cérémonies issues de l’énergie de l’instinct et de la relation à la nature, les agissements du «diable».
Certaines d’entre nous conservent encore au plus profond de leurs cellules ces vieilles mémoires. La confrontation avec la peur profonde est la meilleure manière de mener à la transformation de cette marque ancienne. Se retrouver avec ses sœurs est un moyen de récupérer son pouvoir de femme et de vivre la joie de se sentir profondément sœur, c’est-à-dire de sentir l’amour profond, inconditionnel, au cœur de soi-même. »
Maud Séjournant.
Source : Féminité et spiritualité