Mes itinéraires sur le chemin de transmission

« Si on récolte quelque chose, des cerises, des expériences, une certaine connaissance de la vie, il faut partager. Ce partage est essentiel » .

Vera Székely

Très jeune, en écoutant les histoires des traces que nos  grands parents ont laissé dans nos mémoire, je me suis demandée : « Et moi, quelle grand mère je serais ? Quelles mémoires je sèmerais ? »

De ma grand-mère Jovanka, paysanne serbe, je me souviens  de son amour des couchers du soleil et des fleurs jaunes,  de sa main rassurante massant mon petit ventre en douleur,  du pope qu’elle faisait  venir le dimanche pour bénir la maison en aspergeant les murs de l’eau de basilic, comme il se doit dans la tradition orthodoxe. Maintenant,  c’est moi qui masse d’autres ventres !

La transmission est très tôt dans ma vie devenue une question centrale. Est-ce parce que moi-même j’ai été coupe des mes grands-parents ?  Le système politique de l’époque nous invitait à regarder nos vieux, encrés dans la tradition spirituelle grecque orthodoxe, comme des arriérés et des obscurantistes !  Abandonnée par ma mère, j’ai également été coupée de la transmission des femmes de ma lignée.


Je suis partie,  des mes 16 ans, sur les chemins du nomadisme, loin de toute famille.

Les onze années vécues au sein de la société libano- palestinienne  m’ont transmis le respect des vieux comme sources de sagesses.

La fréquentation de l’Afrique, par la littérature, les amis, et les enseignements spirituels a ancré en moi la notion « vieux = sage ». Certains rituels de passage ont parlé droit à mon cœur  ! Ceux qui disent la  nécessité de connaitre certaines choses à un certain âge, afin de les transmettre.  Par exemple : une  femme,  à ses 38 ans, doit savoir utiliser les plantes et transmettre les remèdes.

Je fus étonnée du manque du lien transgénérationnel , en Occident,  et le sentiment de beaucoup d’anciens qu’ils n’aient rien à transmettre…


La rencontre avec Marie de Hennezel, et Christiane Singer, par les conférences et les livres, m’a aidé d’enrichir ma réflexion sur la transmission. 

Vers mes  55 ans je fais un rêve éveillé lors d’un travail thérapeutique sur ma mission de vie : je me vois vieille femme de 95 ans assis sur des tapis et coussins entourée de jeunes gens et nous avons beaucoup de choses à nous dire!

Peu de temps après j’esquissais un projet de « école de femmes ».

En 2012 je propose le premier stage : Nourrir la vie : transmission de femmes à femmes.

Entre temps il y a eu l’avancée dans l’âge et la rencontre plus intime avec la tradition  amérindienne, celle qui dit :    une femme, accompagnée par les enseignements de ses aînées, se retire trois jours,  chaque mois de ces lunes, dans le Tyowah, la tranquillité de sa hutte,  pour recevoir  » les rêves des générations futures ». C’est ainsi qu’après la ménopause, elle devient une grand-mere transmettrice.

Odile Martin Saint Léon, thérapeute et professeure de Tai Chi Chuan, avec laquelle j’ai eu la joie de  suivre des  ateliers d’écriture, dans son  livre intitulé « Le développement personnel, et après ? », posait la question : que devenons nous après avoir suivi, pendant tant d’années, des stages de développement personnel ? A quoi sert tout ce travail ? Ce livra  m’a aidé à mettre les mots sur ce que je cherchais à exprimer.

Ma conclusion rejoignait celle d’Odile : il est temps maintenant de simplement offrir au monde les fruits de ce travail,  sous forme de « sagesse ordinaire »,  par les actes de notre quotidien. Ce qui pour moi veut dire :

Je transmets par qui je SUIS.

Je suis responsable de la qualité de l’Être que je deviens.

Par la  conscience de l’interdépendance  entre les êtres humains, je sais que de la qualité de mon Être dépend la qualité de ma communauté.

Je suis responsable de QUI  je deviens et contribuer par QUI  je suis est une joie !

par Ljiljana Milosavljevic