Méditer, c’est oser s’arrêter !

« Le Tao est la technique ; la technique est le Tao. » Autrement dit, le Chemin est l’exercice ; l’exercice est le Chemin !« 

Umeji Roshi (1)

Quant à l’exercice — que ce soit la méditation, le tir à l’arc ou la marche méditative — nous devrions le considérer comme étant un rituel très précis. Et c’est en reprenant chaque jour, la séquence des gestes qui composent ce rituel très précis que le mental ne fera plus obstacle aux ressources de l’être, aux ressources du corps (Leib).

Le but de tous les exercices est toujours de s’entraîner à l’art de créer les conditions permettant l’éveil de la nature profonde qui nous anime. Parce que notre vraie nature est le domaine du silence intérieur, du calme intérieur, de la paix intérieure.

Ne pratiquons pas pour « après », animés par l’esprit d’acquisition ou l’esprit de performance. Pratiquez en ce moment au cours duquel vous inspirez …pour ce moment ; pratiquez en ce moment au cours duquel vous expirez …pour ce moment.
Je ne pratique pas afin de résoudre un problème, « mon » problème ! Je pratique afin de me libérer « du moi » (indissociable du mental) qui est le problème.

La méditation de pleine attention n’est pas un « plus » qui aurait pour sens un moi plus stable, plus fort ; la méditation est une rupture avec le moi conscient de lui-même qui, sans cesse, fait retour sur lui-même par la pensée.
Méditer est une rupture avec notre manière d’être habituelle, notre manière de faire habituelle.
Méditer c’est oser s’arrêter ! Oser s’asseoir et ne rien faire ! Ce faisant : rien, il n’y a plus le désir de réussir, il n’y a plus la crainte d’échouer ! Oser l’absolue immobilité ; dans la parfaite immobilité, la conscience-moi se détache d’elle-même ! Oser ne rien attendre !

« Si tu sens, tu ne pense pas ! Si tu penses, tu ne sens pas ! » (Tchouang-Tseu).

Méditer ? Afin de ne pas rester l’esclave du mental, de la pensée autonome, erratique, il suffit de se glisser dans le sentir. Tout ce qui se présente à l’être humain (comme à l’animal) se présente à travers la sensation.
Ne soyez pas gourmand de sensations exceptionnelles ; soyez un gourmet d’une sensation habituelle, par exemple « Je inspire » … « Je expire ». Et voilà qu’en osant porter attention au simple va et vient du souffle …tout en moi se calme !

A vous de vérifier la vérité de ces propos ! Comment ? En pratiquant quotidiennement la méditation de pleine attention

Jacques Castermane

(1) Karlfried Graf Dürckheim, Merveilleux chat et autres récits zen, Le Courrier du Livre, 2004, p. 69