Alimentation, une histoire du bon sens



Les maîtres orientaux rappellent souvent à leurs élèves l’importance de l’esprit du débutant et du retour à la simplicité. Ces notions s’appliquent parfaitement dans la recherche d’une alimentation juste, pour soi comme pour notre environnement. Face à l’avalanche de livres de nutritionnistes qui se contredisent souvent, il est salutaire de reprendre le problème à la base…

Toutes les grandes civilisations, en climat tempéré, ont adopté comme base alimentaire les céréales complètes, les légumineuses, les légumes, avec une petite quantité de graines oléagineuses et de protéines animales, et, selon les saisons, des fruits en complément.

Bien sûr, ces aliments étaient conservés naturellement, ce qui ne pose pas de problème pour les graines, dont une partie était conservée en cas de mauvaise récolte l’année suivante et assuraient sécurité alimentaire et sérénité dans les esprits.

Les céréales étaient complètes et, on a remarqué par la suite, que les consommer ainsi contribue à adopter une vision globale et unifiée du monde et des choses alors que les réduire en particules (boulgour, semoule, farine) rend dualiste, analytique, avec une vision du monde toujours plus complexe…

Lorsqu’on se pose la question d’un modèle alimentaire qui pourrait nous inspirer, comment ne pas penser aux Japonais des îles Okinawa qui détiennent les records mondiaux de longévité et surtout de vie active en possession de tous leurs moyens jusqu’à un âge très avancé. Le Dr Jean-Paul Curtay qui a étudié ces populations avec d’autres spécialistes, fait état de 80% de cancers et maladies cardio-vasculaires en moins. Et point de maladie d’Alzheimer dont on nous dit qu’elle est liée à l’âge ! Remarquons toutefois, que dans l’île principale d’Okinawa, fortement américanisée par la présence d’une importante base militaire U.S., la santé a décliné – avec apparition de l’obésité et de toutes les maladies des pays « développés » – au point que l’espérance de vie dans cette île a chuté au 26ème rang des 47 préfectures qui constituent le Japon. Une démonstration de la nocivité des habitudes alimentaires modernes, inventées, promotionnées par l’industrie agro-alimentaire avide de profits. On a retrouvé en Chine des manuscrits datant de l’an 81 avant JC, où l’on retrouvait déjà le même constat : « La vertu est associée à l’agriculture, activité fondamentale contrairement au commerce qui déprave le peuple. » Maintenant la situation est encore pire puisque l’agriculture chimique domine !

En choisissant des céréales complètes en grains, en priorité, et en flocons moins souvent, des légumineuses natures et non précuites en bocaux, des légumes variés de saison très frais ou conservés naturellement comme la choucroute, on obtient la base d’une alimentation qui apporte le maximum d’énergie (Ki) tout en étant très économique.

Bien sûr, cela demande du temps de préparation mais en retour on est tellement gagnant, surtout si on cuisine avec amour en pensant que l’on pratique un Art suprême, celui de l’entretien de la Vie.

Bien sûr, l’alimentation n’est pas tout dans la vie et pour reprendre l’exemple des Okinawans, l’épanouissement de chacun repose, en plus d’une alimentation pleine de Ki mais frugale (pratique du Hara Hachi Bu, restriction alimentaire à 80% de ce que l’on pourrait manger), sur une activité physique quotidienne et un fort lien social et spirituel (34 fêtes annuelles dont plus de la moitié dédiées aux ancêtres).

Une alimentation qui apporte une bonne énergie, donne envie d’être actif et l’usage d’ingrédients naturels renforce le lien avec l’environnement que l’on respecte et vénère plus facilement, alors que des aliments devenus artificiels contribuent au déclin du lien entre les humains et leur Mère-Terre…

Jean Celle